Les canons de la Vénus

En France
En 1781, la France est gouvernée par Louis XVI. Il meurt guillotiné le 21 janvier 1793 à Paris. La monarchie finance ses nombreuses dépenses par de gros emprunts. La France, traverse une crise grave (difficultés économiques, hostilité du peuple envers la famille royale, etc.) mais reste une grande puissance. Elle s’investit dans la guerre d’indépendance américaine, dans laquelle elle joue un rôle majeur, mais qui lui coûte très cher.
En 1777, en effet, la France entre en guerre avec la Grande-Bretagne après un accord d’assistance et d’amitié avec les États-Unis d’Amérique. Durant le XVIIIe siècle, l’Angleterre est incontestablement l’une des plus grandes puissances mondiales. La Marine Royale Française est elle aussi puissante. En 1785, la France possède, 256 navires (72 vaisseaux de lignes, 74 frégates, 28 corvettes et des dizaines d’autres petites unités). C’est le Cardinal de Richelieu qui, dans la première moitié du XVIIe siècle, s’est employé à constituer la première véritable marine de guerre française. En Atlantique les Français et les Anglais se rendent coup pour coup ! La guerre de course est utilisée par les deux camps comme arme « d’appoint » face à l’ennemi pour bloquer l’économie, les ravitaillements et ralentir le commerce de chacun. La frégate la Vénus fait naufrage dans ce contexte de guerre de course en luttant contre les corsaires anglais sur la façade sud de la Bretagne.

Aux Glénan
L’archipel des Glénan, au large de Fouesnant, est constitué de plusieurs îles et d’une multitudes d’îlots. La navigation y est dangereuse et hasardeuse, il existe peu de cartes. Les îles des Glénan demeurent pratiquement désertes, rochers épars voués aux caprices de la mer et écueils semés sur le passage des navires marchands. À cette époque, les parages des Glénan sont au cœur de la guerre entre la France et l’Angleterre. L’archipel est très convoité, les prises anglaises nombreuses. Malgré les dangers des écueils, les roches à fleur d’eau, les bancs de sable, l’archipel des Glénan reste sans aucune signalisation jusqu’en 1837, date à laquelle le phare de Penfret est allumé.

À Fouesnant
En 1790, la paroisse de Fouesnant abrite alors 1940 âmes. Les fondements de la société révolutionnaire sont progressivement mis en place. Le département du Finistère est découpé en 9 districts et en 79 cantons. La commune de Fouesnant appartient au canton de Fouesnant, au district de Quimper. Le canton de Fouesnant comprend les communes de Clohars-Fouesnant, Gouesnac’h, Perguet (qui prendra par la suite le nom de Bénodet), Pleuven et Saint-Évarzec. La commune est choisie comme chef-lieu de canton, étant la paroisse la plus peuplée et qui possède de surcroit une ancienne église romane. Sur le plan maritime, la commune de Fouesnant appartient au quartier de Concarneau.

La Vénus
Dans la marine à voile, la frégate est un bâtiment moins lourd et plus rapide que le vaisseau, servant à l’éclairage des escadres et à la protection des convois. La frégate désigne tous les bâtiments voiliers (corsaires, contrebandiers ou navires de guerre), caractérisés par leur grande finesse, leur manœuvrabilité et leur rapidité. La Vénus fait partie de la Marine Royale Française. Sa construction débute en 1779 à Saint-Malo. En mars 1780, la Vénus prend la mer pour la première fois. Elle est ensuite armée à Brest en juin 1780. La Vénus a été dessinée par l’ingénieur Sané. Une seconde frégate a été construite sur les mêmes plans, elle se nomme Cléopâtre, elle a été également construite à Saint-Malo. La Vénus est armée de 26 canons de calibre 12 et de 6 pièces de calibre 6 en fer. Chaque canon pèse près 1,2 tonne. Six pierriers en bronze placés sur chandeliers, complètent l’armement. 300 hommes constituent l’équipage. Il y a peu de documents iconographiques concernant la Vénus, mais son navire jumeau (sistership), la Cléopâtre, ayant été prise par les Anglais en 1793, dispose de plans ainsi que cette peinture, réalisée par les Anglais.
Longueur : 44,5 m – Largeur : 11,2 m – Tirant d’eau : 5 m – Tonnage* : 600 tonneaux.

La surveillance des côtes et l’escorte de navires
La Vénus se voit confier un grand nombre de petites missions le long des côtes françaises. Sa mission principale est la chasse aux corsaires et aux navires britanniques des côtes de la Manche et de l’Atlantique. La Vénus va d’escorte en escorte de convois marchands, tout en essayant de recouper les informations pour trouver les corsaires britanniques écumant la façade Atlantique.
Le 11 juin 1780, la Vénus croise un navire corsaire britannique en face du port de Lorient. Le corsaire a repris la direction de Belle-Île, la Vénus le prend alors en chasse et après une longue poursuite, le corsaire se rend. C’est le premier navire capturé par la Vénus ! Il s’agit d’un brick de 120 tonneaux pour 68 hommes et 14 canons. Une belle prise ! La seconde prise est plus petite. Le Nabot n’est qu’un « cutter de 8 canons et 4 pierriers ». Le navire a cependant attaqué peu de temps avant un marchand d’Ostende, pays neutre, et en a capturé le capitaine. Ce dernier est libéré sur le champ. Le commandant et son équipage reçoivent les félicitations du ministre pour cette prise et la libération du capitaine belge. Au 8 janvier 1781, la Vénus a effectué un peu plus d’une dizaine d’escortes et pris en chasse plusieurs corsaires et navires ennemis entre Brest, Lorient et Rochefort.
La frégate rejoint le lougre l’Aigle puis navigue en sa compagnie en tant que patrouilleurs de l’île de Sein à l’île d’Yeu. À son bord un pilote côtier. Sûr de ses compétences et connaissant la région, le capitaine André Marie de Gouzillon met le cap sur les Glénan sachant que ces îles offrent un repère aux corsaires sévissant dans la région.

*Pierrier : Petit canon monté sur pivot. *Tonnage : Unité internationale de volume employée pour déterminer la capacité des navires et valant 2,83 mètres cubes.

André Marie de Gouzillon de Bélizal
Le commandant André Marie de Gouzillon de Bélizal, naît à Brest le 12 mai 1741. Il a 14 ans lorsqu’il entre dans les gardes de la Marine à Brest en 1755. Il gravit successivement tous les grades de la Marine, servant son pays. Il navigue sur la façade Atlantique, mais aussi en Méditerranée et pour la compagnie des Indes. Embarqué notamment sur des corvettes et des frégates, il participe à de nombreux combats.
En 1772, il reçoit le brevet de lieutenant de vaisseau et il est fait Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. À l’âge de 39 ans, il reçoit le 1er avril 1780 le commandement de la frégate la Vénus. Suite au naufrage le 3 août 1781 sur le plateau des Leurious dans le nord des Glénan, le commandant conserve son grade car aucune charge n’est retenue contre lui par le conseil de guerre. Il reprend du service en 1782 et embarque sur le vaisseau à trois ponts la Bretagne (110 canons). Puis il commande la Marine du port de Brest, comme chef de division. Pendant la Révolution, il fuit en Angleterre et revient en France en 1795 avec l’expédition de Quiberon en tant que simple soldat. Il est fusillé le 21 juillet par les hommes du Général Hoche.

Une vie extraordinaire

Embarqué à 14 ans dans la garde de la Marine,
Il navigue pendant 26 ans sur les vaisseaux du roi,
Il est 3 fois blessé au combat,
2 fois naufragé,
3 fois prisonnier dans les geôles anglaises pour un total
de 25 mois de captivité.

Les Glénan, avantage ou obstacle pour les marins ?
Dans les eaux bretonnes, les incursions de corsaires anglais sont fréquentes, et la Marine Royale Française est chargée de protéger les côtes. Les parages des Glénan sont des pièges pour les marins, et les fonds de l’archipel sont truffés de bateaux. Près d’une centaine d’épaves sont recensées, de toutes les époques. Ces îles offrent surtout des abris aux navires, face à un temps trop agité, une cachette pour se dissimuler d’une potentielle flotte ou d’un chasseur de corsaires. Elles servent également de repères maritimes pour faire le point avec précision et se situent souvent dans des espaces marins riches enéchanges, soit marchands, soit de pêche. Elles sont donc un avantage comme un obstacle pour les marins.

Le naufrage de la frégate et le talonnage du lougre
Le 3 août 1781, la frégate la Vénus se trouve sous l’île de Groix, accompagnée d’un lougre nommé l’Aigle. Les deux bateaux contournent l’archipel des Glénan pour y surprendre quelques corsaires au mouillage. En effet, la frégate croise plusieurs corsaires ennemis, dans les parages des Glénan au début de l’été 1781. Au petit matin du 5 août 1781, les matelots de la Vénus voient défiler sous leurs yeux à bâbord, l’île de Penfret, le banc de sable de Guiriden, Saint-Nicolas avec en arrière-plan la silhouette de Fort Cigogne. Soudain, une violente secousse ébranle le navire. La frégate vient de s’éventrer sur des roches à fleur d’eau du plateau des Leurious (aujourd’hui classé site archéologique). Le plateau des Leurious est un piège à bateaux. Une fois engagée sur le plateau, la frégate n’avait aucune chance de s’en sortir ! L’eau envahit rapidement la Sainte-Barbe (là où sont entreposés les poudres et matériels d’artillerie), située au-dessous de la chambre du capitaine, et les cales. Afin d‘alléger le bateau, le Capitaine fait élinguer* un à un les 32 canons et, après avoir fixé une bouée sur chaque cordage, les fait descendre à la mer. Il sera ainsi facile de les récupérer plus tard, la profondeur n‘étant que de 6 pieds d’eau. Il faut noter que jeter les canons à la mer est une procédure de Marine. Malheureusement, rien n’y fait, le bateau ne bouge pas d’un pouce ! Les corsaires anglais rôdent et pourraient s’emparer de la frégate pour la vider. Il faut rapidement protéger le site. Le grand mât, le mât de misaine et le beaupré seront abattus pour soulager de nouveau la frégate sans que cela apporte de changement à la position du navire.

*Élinguer : Entourer un objet au moyen d’une élingue (d’un cordage) pour le hisser avec un appareil de levage.

Les plongeurs de 1781 remontent 16 canons !
Le bâtiment sera rapidement abandonné par l’équipage. Pendant quinze jours, protégés par la chaloupe du bord, sur laquelle sont installés des pierriers*, les chaloupes et le chasse-marée de Concarneau vont faire une incessante navette entre la Vénus et le port de Concarneau pour vider entièrement la frégate toujours bloquée sur les roches.
Le 13 août 1781, il ne reste plus de la Vénus qu’une carcasse vide. La frégate est définitivement perdue et le Chevalier de Gouzillon décide d’y mettre le feu… avec une satisfaction tout de même : les Anglais ne pourront rien récupérer ! Le 20 août 1781 : la Vénus achève sa carrière dans un énorme brasier sur les roches des Leurious. Dans la correspondance entre le commandant de la Vénus avec le commandant du port de Lorient on trouve les détails de la tentative de sauvetage : « Les rochers où nous nous sommes perdus, écrit le capitaine, s’appellent les Pourceaux ». Le pauvre pilote s’est écarté du chenal d’une longueur de frégate. Le capitaine a immédiatement fait travailler l’équipage à sauver ce qu’il était possible et a fait jeter les canons à l’eau avec des bouées. Pour sauver les canons, ils ont fait venir de Lorient des « pinces » montées sur une gabarre. Les premiers résultats sont maigres. Seuls huit canons de la frégate ont été relevés, ainsi que la grande ancre. Ils ont fait ensuite appel à un plongeur de Saint-Malo. Le 9 septembre 1781, 3 canons sont sortis de l‘eau ; 15 jours plus tard, 5 autres pièces et la grande ancre sont ramenées à Lorient. Avec l’automne, les jours de calme deviennent rares. Malgré tout quelques pièces sont remontées
Le 15 octobre 1781, le nombre de canons récupérés s’élève à 16. Les canons ainsi repêchés seront
réemployés à Lorient pour les mettre sur une frégate en construction.

L’utilisation de plongeurs de bord
Les historiens ne disposent que de peu d’informations sur l’utilisation de plongeurs sur les navires au XVIIIe siècle. Ils existent cependant et sont très utiles dans de nombreuses occasions. Lorsque l’on à bord un homme ou deux capables de se mettre à l’eau et de plonger sous le navire, il est possible de réaliser une inspection sous le niveau de flottaison. Les rapports d’avaries que peuvent faire les plongeurs à leur sortie de l’eau sont donc une aide à la décision très précieuse. Le métier est dangereux et on compte malheureusement des morts parmi les plongeurs.

Après le naufrage
Le commandant passe en conseil de guerre quelques jours après le naufrage. Il conserve son grade car aucune charge n’est retenue contre lui par le conseil de guerre. Il reprend du service en 1782. Le pilote côtier convient que par sa faute ayant mal évalué la hauteur d’eau, il amena le bateau sur les rochers. Il fut conduit aux prisons de Concarneau. Les matelots congédiés pensaient certainement rentrer chez eux après 39 mois de services en période de guerre… et bien non ! Une partie sera affectée à l’équipage de l’aviso* le Téméraire.

*Pierrier : Petit canon monté sur pivot. *L’aviso : Petit navire de guerre rapide.

En 1977, une équipe de passionnés menée par Pierre Raine, alors Responsable de SOS Plongée, se met en quête de retrouver la Vénus et ses canons, témoins du patrimoine maritime de la France. Ce projet est strictement encadré, autorisé par l’État qui est propriétaire de l’épave. Le 26 mai 1977 Pierre Raine effectue une déclaration de la découverte du site du naufrage de la Vénus.
Pierre Raine et son épouse Martine ont retrouvé l’épave avec leur équipe de plongeurs chez SOS plongée à Concarneau !

Le retour en surface des canons de la Vénus
Six canons sont ainsi ramenés à terre en 1978. En 1979, ces six canons sortis des eaux sont présentés au public après un traitement basique (ils ont été rincés à l’eau douce).

Entre 1989 et 1990, une nouvelle expédition se met en place et en 1990 quatre autres canons sont remontés du site. Louis Le Sellin, agent communal passionné, employé à la mairie de Concarneau, et grâce à l’aide technique des services d’Électricité de France, met en place un protocole de traitement électrochimique approprié et très efficace.

Il s’agit d’un traitement électrolytique développé en 1987 par la société EDF pour sauver et restaurer les trésors du Titanic . Il consiste en une déchloruration du métal par une plongée de six mois dans une eau douce avec une électrolyse de faible voltage dans le but de faire sortir les chlorures qui se sont fixées au métal. Le protocole de traitement des canons appelé électrolyse, a été mis au point par Louis Le Sellin
à partir de l’expertise-conseil d’Électricité de France du groupe d’études et recherches VALECTRA. Le traitement a été autorisé par le DRASSM, le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines. Avec l’autorisation de la mairie de Concarneau, il fait fabriquer à cette occasion des bacs pour accueillir l’ensemble du matériel nécessaire et les canons et met en place ce protocole pour les canons sortis en 1990 et de nouvelles opérations d’entretien et de nettoyage par ce même procédé sur les canons de l’expédition de 1978.

Une fois traités, deux des canons sont exposés pendant de nombreuses années dans la Ville close de Concarneau et trois autres sur le giratoire de Kerviniou sur la route de Trégunc. Les autres non valorisés était entreposés dans un atelier municipal de la Ville de Concarneau. Mais les canons se détériorent… il devient urgent de les restaurer à nouveau.

Cela faisait 15 ans que la Ville de Fouesnant et la SAMM* (Société d’Archéologie et de Mémoire Maritime) envisageaient ce sauvetage et la mise en valeur de ce patrimoine. Roger Le Goff, mairie de Fouesnant et Laure Caramaro alors première adjointe avaient découvert les canons à Concarneau le 22 mars 2010.

À l’automne 2021, une inspection des archéologues du DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines) a mis en évidence le mauvais état des canons. En octobre 2022, en convoi exceptionnel, ils sont envoyés à la société Arc’ Antique à Nantes pour bénéficier d’un nouveau traitement. À leur retour en Finistère, les canons seront répartis entre les communes de Concarneau et de Fouesnant.

Avec la restauration des canons de la Vénus, la Ville de Fouesnant souhaite permettre une mise en valeur de ce patrimoine et de l’histoire de l’archipel avec un partenaire privilégié. À l’initiative de ce projet, la SAMM, association avec laquelle la Ville de Fouesnant collabore depuis de nombreuses années. Ce “retour” des canons à Fouesnant donne aussi une autre couleur à l’histoire des Glénan : avant d’être la riviera bretonne renommée pour ses eaux turquoise, l’archipel a connu des faits de guerre.

En décembre 2023 la Ville de Fouesnant a ainsi passé une convention avec le DRASSM afin de bénéficier du dépôt de deux canons et d’en assurer l’entretien et la conservation avant de pouvoir définir un emplacement pour les exposer. C’est un projet atypique, qui rassemble de nombreux acteurs et fédère la Ville, l’association, des étudiants et des passionnés. Au moment de la signature de la convention en 2023, il n’y avait aucun autre projet de valorisation de canons en France.

Remerciements
Louis Le Sellin, la Ville de Concarneau, la Ville de Fouesnant, Olivia Hulot et Nathalie Huet, archéologues professionnels du DRASSM, les professeurs du Lycée Thépot à Quimper, Christophe Guillerme et Ronan Hamon, les élèves de la classe 1 OBM (Ouvrages du bâtiment, option métallerie qui ont réalisé le travail de ferronnerie), Gilles Baron, société Arc’Antique, Michel Guéguen (qui a écrit «Au large de Concarneau, Le naufrage de la Vénus»), Pierre Raine et son épouse Martine et la SAMM.

*La Société d’archéologie et de mémoire maritime (SAMM), basée à Fouesnant, a fêté ses 30 ans en août 2023. Cette association d’intérêt général à caractère culturel compte 26 archéologues sous-marins amateurs. Leurs profils sont complémentaires, du Docteur en Histoire à l’électronicien en passant par le cartographe et les plongeurs certifiés encadrés par le Ministère du Travail. Le but de l’association est d’utiliser une découverte maritime pour en faire un objet de Mémoire. Elle confie ses documents au DRASSM et fonctionne beaucoup en réseau. Sa base de données, unique en France, recense plus de 18 000 épaves de Dunkerque à Biarritz.

Après avoir été exposés dans la Ville de Concarneau pendant plusieurs années, et suite à une inspection des archéologues du DRASSM en 2021 qui a mis en évidence le mauvais état des canons, en octobre 2022, les neuf canons ont été envoyés chez Arc’Antique laboratoire départemental de Nantes qui réalise la restauration et la conservation du patrimoine archéologique.

30 ans après leur conservation par Louis le Sellin, les canons ont été restaurés. Les canons ont ainsi bénéficiés d’un traitement électrolytique, financé par la mairie de Concarneau et la mairie de Fouesnant.

Les canons, ont été immergés pendant 18 mois dans un bain de soude de 9 m³, traversé par un courant électrique, permettant de déclencher une réaction chimique appelée électrolyse. Ce procédé a permis d’extraire les chlorures incrustés dans le métal, responsables de la corrosion active. Sans cette étape, les canons continueraient à se dégrader, même hors de l’eau.

Une fois cette phase terminée, début juillet 2025, après deux mois de rinçage, les canons ont été retirés du bain. Ils ont ensuite été laissés à sécher pendant deux mois avant d’être sablés à l’aide d’un abrasif végétal, une étape essentielle pour stopper le processus de corrosion.

Enfin, pour assurer leur conservation, une cire chauffée à 105°C a été appliquée sur les canons. En refroidissant cette cire assure une parfaite protection à long terme.
Après avoir foré l’intérieur des neuf canons, deux boulets ramés et six boulets ronds ont été trouvés en parfaits état de conservation.

Les services techniques de la Ville de Fouesnant ont réalisé les affûts en chêne. Les plans du 18ème siècle existants concernant les pièces en bois et ferrures ont été modélisés. Ces nouveaux plans, mis aux normes, ont été utilisés pour mieux comprendre les contraintes de fabrication et adapter les méthodes de travail modernes à l’expertise des charpentiers de l’époque. Ce travail a été réalisé par les élèves du lycée Thépot.

Les ferrures des affûts ont été fabriquées par des élèves en Bac Pro Ouvrage du bâtiment, option métallerie du lycée Thépot, épaulés par leurs professeurs. L’objectif : que les pièces soient fabriquées ou aient un aspect visuel identique à celles conçues dans les forges royales, à partir des plans issus des archives de Louis Le Sellin et confiés par Jean Boudriot, (architecte français également connu pour ses publications sur les armes anciennes et l’architecture navale), mais aussi du plan des ferrures obtenu auprès des ateliers de l’Hermione, frégate armée de canons identiques. Les élèves, formés aux outils modernes de découpage et façonnage, ont également pris connaissance des anciennes méthodes de conception.