La commune dispose d’un patrimoine riche et diversifié. Ce patrimoine doit être maintenu en état, mais la Ville de Fouesnant souhaite surtout le valoriser afin de faciliter la transmission de l’histoire du territoire et maintenir (ou permettre) un accès à ce patrimoine. Restauration de la Chapelle Saint-Sébastien, de la Chapelle Sainte-Anne, de Fort Cigogne, études sur la restauration de l’église Saint-Pierre… les projets sont nombreux et à la fois tournées vers la terre ou vers la mer, la particularité de Fouesnant qui dispose en même temps d’un bocage riche et d’un passé maritime.
Avec la restauration des canons de la Vénus, navire ayant sombré dans l’archipel des Glénan, la ville de Fouesnant souhaite permettre une mise en valeur de ce patrimoine et de l’histoire de l’archipel. Un partenaire privilégié, à l’initiative de ce projet : la SAMM (Société d’Archéologie et de Mémoire Maritime), spécialiste en archéologie sous-marine et maritime, association avec laquelle la ville de Fouesnant collabore depuis de nombreuses années.
Le 20 décembre 2023 la ville de Fouesnant a ainsi passé une convention avec le DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines) afin de bénéficier du dépôt de 2 canons et d’en assurer l’entretien et la conservation avant de pouvoir définir un emplacement pour les exposer.
C’est un projet atypique, qui rassemble de nombreux acteurs et fédère la ville, l’association, des étudiants, des passionnés. Il n’y a à ce jour aucun autre projet de valorisation de canons en France.
Le 5 mars 1780, la Vénus prend la mer pour la première fois du port de Saint-Malo. A son bord 32 canons dont 26 de calibre 12 et 6 de calibre 6 montés sur des affûts en bois
Le 5 août 1781, poursuivie par une frégate Anglaise, la Vénus viendra s’échouer, éventrée sur les roches à fleur d’eau dans l’archipel des Glénan près de Concarneau (aujourd’hui classé site archéologique).
Le capitaine, André Marie de Gouzillon de Bélizal, afin d’alléger le bateau pour tenter de le tirer de cette position fait élinguer (Entourer un objet au moyen d’une élingue pour le hisser avec un appareil de levage) un à un les 32 canons et fait fixer une bouée sur chaque cordage, puis les fait descendre à la mer. Il sera ainsi facile de les récupérer plus tard, n’étant qu’à 6 pieds d’eau.
Le 9 septembre 1781, 3 canons sont sortis de l‘eau
15 jours plus tard, 5 autres pièces et la grande ancre sont ramenées à Lorient. (Avec l’automne, les jours de calme deviennent rares. On réussit malgré tout à remonter encore quelques pièces).
Le 15 octobre 1781, le nombre de canons récupérés s’élève à 16.
En 1978, 6 canons sortis de l’eau et sont ramenés à terre par Pierre Raine, Responsable de SOS Plongée, et son équipe de plongeurs. – 4 autres suivront en 1990.
– Le traitement des canons par Louis Le Sellin (Mise en traitement de déchloruration selon la méthode utilisée par E.D.F. pour le Titanic et le Mauritius) 11 ans plus tard.
– Fabrication de nouveaux affûts de canons (plans communiqués par Monsieur Jean Boudriot).
– Les canons sont installés en ville-Close et au rond-point de Kerviniou à Concarneau
Traitement et conservation chez Arc’Antic
Après avoir été exposés dans la ville de Concarneau pendant plusieurs années, les 9 canons ont été envoyés chez Arc’Antic laboratoire départemental Arc Antique de Nantes qui participe à la restauration et à la conservation du patrimoine archéologique. En effet , 30 ans après leur conservation par Louis le Sellin car malgré son travail honorable et très méticuleux, il n’avait pas toutes les nouvelles technologies d’aujourd’hui.
Les canons bénéficient d’un traitement électrolytique qui devrait durer 18 mois.
Après avoir foré l’intérieur des 9 canons qui sont revenus de Concarneau on y a trouvé 2 boulets ramés et 6 boulets ronds en parfaits état de conservation.
Le financement de quasiment 2 ans du traitement a été réalisé par la mairie de Concarneau et la mairie de Fouesnant.
Le travail avec le Lycée Thépot et le CFA
Pour les écoles, toujours en recherche de projets pédagogiques ayant du sens, ce sujet est très porteur.
Au lycée Thépot les ferrures des affûts peuvent être fabriquées par des élèves en bac pro chaudronnerie du lycée Thépot, épaulés par leurs professeurs et encadrés par les Techniciens des ateliers de Fouesnant. L’idée étant bien sûr que les pièces soient fabriquées ou aient un aspect visuel identique à celles conçues dans les forges royales. Nous disposons de plans issus des archives de Louis Le Sellin, mais aussi du plan des ferrures obtenu auprès des ateliers de l’Hermione, frégate armée de canons identiques.
Dans un premier temps, les plans existants concernant les pièces en bois et ferrures vont être modélisés. Ces nouveaux plans, mis aux normes, seront utilisés pour mieux comprendre les contraintes de fabrication et adapter les méthodes de travail modernes à l’expertise des charpentiers de l’époque. Ce travail sera fait par les élèves de l’école Thépot.
Quelques pièces seront sous traitées à une entreprise. Le but est de conserver l’aspect patiné et ancien des ferrures telles que fabriquées par les ouvriers des chantiers et forges d’antan.
Les élèves, formés aux outils modernes de découpage et façonnage, devront s’intéresser et utiliser les anciennes méthodes de travail. La forge qui n’est plus utilisée de manière industrielle, en est un exemple.
Concernant le CFA, les élèves auront à créer avec un agent des services techniques de la ville de Fouesnant, l’affut en bois, selon les plans.
France3 a consacré un reportage sur la collaboration de la mairie de Fouesnant et du Lycée Thépot Voir le reportage
La Société d’archéologie et de mémoire maritime (Samm), basée à Fouesnant, a fêté ses 30 ans en août dernier. Cette association d’intérêt général à caractère culturel compte vingt-six archéologues sous-marins amateurs et néanmoins très reconnus dans le milieu professionnel.
Leurs profils sont complémentaires, du docteur en histoire à l’électronicien en passant par le cartographe et les plongeurs certifiés encadrés par le ministère du Travail.
« Notre force réside dans le collectif, indique Philippe Bodénès. Quel plaisir de plonger, d’étudier, de divulguer, de partager ! Notre but est d’utiliser une découverte maritime pour en faire un objet de mémoire. Ce “retour” des canons donne une autre couleur à l’histoire des Glénan : avant d’être la riviera bretonne renommée pour ses eaux si bleues, l’archipel a connu des faits de guerre. »
La société dispose d’autorisations officielles pour effectuer ses recherches, et de matériel de pointe, dont un magnétomètre, la « Rolls » des fonds sous-marins. Elle confie ses documents au Drassm et fonctionne beaucoup en réseau. Sa base de données, unique en France, recense plus de 18 000 épaves de Dunkerque à Biarritz.
Le programme de la Samm pour 2024 est chargé, avec cinq opérations d’envergure aux alentours de Sein, Lesconil, Groix et bien sûr des Glénan. Elle prévoit une campagne de prospection en mai, afin de quadriller le plateau où s’est échouée la Vénus. Peut-être trouvera-t-elle d’autres pièces, déplacées par les courants, enfouies sous des champs d’algues…
Plus d’informations sur la SAMM : https://archeosousmarine.net/